Vous avez sans doute déjà entendu parler de la classe inversée ou "flipped classroom",
un mouvement éducatif né aux Etats-Unis et qui essaime tout doucement
dans le monde. La philosophie de ce mouvement est simple : il s'agit de
faire suivre les cours aux apprenants en dehors des classes et de
consacrer les heures de classe à réaliser les devoirs dans un but
d'approfondissement et d'application des notions.
Si le principe est simple, la pratique l'est un peu moins. Les profs
doivent rivaliser d'imagination pour présenter les contenus de cours de
manière à les rendre non seulement accessibles mais aussi captivants.
Cette expérience de classe inversée a été menée au cours de l'année
scolaire 2012-2013 par Christian Drouin, un enseignant de chimie dans un
collège canadien. Sur son blogue, il rend compte de cette expérience et en propose un bilan (pdf.).
La mise en place de la classe inversée
Dans une première partie, il présente l'expérience elle-même et ce
qu'elle requiert comme préparation de la part de l'enseignant. En effet,
il y a un découpage à faire dans le cours : arbitrer entre ce que les
apprenants peuvent facilement assimiler, juste à la lecture et les
connaissances qui nécessitent une présence de l'enseignant.
Pour Christian Drouin, les connaissances explicites comme les
procédures, les définitions et les règles entrent dans le premier cas. À
partir de ce découpage, l'enseignant décidera du format dans lequel les
cours seront présentés en dehors de la classe. En l'espèce,
l'enseignant a choisi le format vidéo pour la baladodiffusion.
Aussi
consacre-t-il quelques parties de son bilan à la réalisation des vidéos
explicatives et à leur mise à disposition. "Pour maximiser les
chances que tous les étudiants aient accès aux ressources, il faut les
rendre disponibles en différents formats et sur de multiples plateformes" écrit-il.
Enfin, il aborde les questions qu'il s'est posées lui-même en tant qu'enseignant et ses approches de solution :
- Comment vérifier/s'assurer que les étudiants regardent les vidéos ?
- Comment faire pour convaincre les étudiants qui refusent d’accepter
ou qui ont plus de difficultés à embarquer dans ce style d’apprentissage
?
- Comment aider les étudiants à devenir plus autonomes ?
- Comment occuper le temps de classe libéré ?
Le temps de classe
Une partie de l'apprentissage se déroulant en dehors de la classe, on
peut se demander ce qu'il reste à faire en classe. Dans l'expérience de
Christian Drouin, les heures en classe ont servi à des évaluations
formatives et à des activités d'approfondissement du cours.
Les apprenants sont soumis à des quiz (questionnaire-retour). Ce qui
permet à l'enseignant de réviser les notions avec les apprenants et de
corriger les erreurs de compréhension éventuelles. Selon le prof, il
s'agit d'un passage obligé pour rappeler les notions mais aussi pour
mettre tous les apprenants au même niveau d'information au cas où
certains n'auraient pas pu préparer le cours. Viennent ensuite les
exercices d'application et les résolution de problèmes.
Globalement, les résultats obtenus à l'issue de cette expérience sont
satisfaisants, ou du moins au-dessus de la moyenne. Les acteurs ont eux
aussi apprécié. Toutefois, il faut se rendre à l'évidence que cette
nouvelle approche pédagogique est exigeante en termes d'investissement
personnel de la part des enseignants et des apprenants.
En outre, selon l'auteur du document, elle ne peut s'appliquer à tous
les cours. Ce qui est discutable. Quoi qu'il en soit son bilan est très
clair et détaillé. Il pourra servir à tous les enseignants qui
voudraient s'essayer en cette année à inverser leur classe.
Références :